Si Drake et The Weeknd détiennent le statut de prince de la ville à Toronto, la couronne n’en reste pas moins convoitée dans les autres métropoles du pays. C’est donc avec un œil tourné vers le Canada et plus particulièrement vers Vancouver que nous revenons sur le projet No Saints Under Palm Shade, qui, à sa sortie en octobre 2017 mettra un peu plus en lumière le groupe MANILA GREY.
C’est en 2009, devant la chaîne de télévision MuchMusic que Neeko et Soliven fantasment sur une vie où la musique ne serait plus un rêve mais bien leur profession. OutKast, Bow Wow ou encore Usher feront partie des plus grandes inspirations de Neeko le rappeur du groupe ; mais les influences cinématographiques se font également ressentir avec notamment Steepin’ et You Got Served qui tiendront une place prépondérante dans la musique du duo.
Si Soliven et Neeko se sont bien trouvés, on peut dire que les coïncidences sont aussi improbables que nombreuses. Tous les deux nés à Manille, la capitale des Philippines, ce n’est qu’après s’être expatrié à l’autre bout du monde qu’ils feront la connaissance l’un de l’autre, au lycée, à Vancouver. C’est donc tout naturellement que leurs parcours de vie presque identiques et leurs origines communes se retrouvent dans leur travail. Si leur amour pour leur pays de naissance se fait bien sûr ressentir dans leurs textes, on le retrouve aussi dans d’autres aspects de leur univers artistique, notamment la pochette de leur premier projet où on peut apercevoir de multiples éléments liés au décor tropical de cette partie du monde. Une illustration qui fait donc directement référence aux Philippines et qui annonce un véritable dépaysement avant même l’écoute du disque.
Check the time cause I’m lost between the timezones now.Manila Grey - Timezones
C’est avec « Timezones », un morceau qui fait lui aussi échos à leur pays d’origine, que s’ouvre No Saints Under Palm Shade, le tout premier projet du binôme. Smooth et euphorique sont les mots parfaits pour décrire le style de ce six-titres. Si Neeko occupe majoritairement les couplets et que le rythme se fait par moments plus vif avec un côté pop, l’ambiance globale reste toutefois toujours magnétique et délicate grâce à la voix angélique de Soliven. Avec les morceaux « Eastbound » et « Disco Eyes », l’EP nous plonge dans une ambiance plus électro-pop avec comme réceptacle les productions d’Azel North ; et si les différentes instrumentales du projet sont assez variées, la musique du duo reste tout même principalement portée vers le R&B. « Youth Water » conclu le projet et met en exergue ce parti pris. C’est d’ailleurs à travers les premières paroles de ce morceau que Soliven révèle l’ambition du groupe.
I’m on something new […] They come out to play, Like every night it’s someone newManila Grey - Youth Water
« Quelque chose de nouveau » est bien ce dont on avait besoin et MANILA GREY ne déroge pas à sa propre promesse. Là où le R&B se veut en ce moment particulièrement lascif, le groupe nous propose un univers également envoûtant mais moins suggestif que chez d’autres artistes. Les choix des productions des morceaux permettent de créer nos propres scénarios, ce qui rend l’écoute plus extatique. Il est vrai que MANILA GREY puisse faire évoquer quelques similarités lorsqu’on pense à leur confrère Majid Jordan ou encore à Always Never mais le tandem a su néanmoins trouver sa place dans la sphère hip-hop et les deux projets qu’ils nous ont dévoilés par la suite nous le prouvent.