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Rap et Cinéma

Partie 2 : l'influence du cinéma sur le rap

05 juin 2019

Alors que le rap français apparaît plutôt rarement au grand écran, le cinéma semble quant à lui être omniprésent dans la culture rap. Art puissant et varié, le cinéma propose des œuvres pour tous les types de personnes. C’est donc logiquement que les rappeurs en sont clients et qu’ils en sont influencés. Cette influence se fait sentir dès l’apparition du rap, en France comme dans le monde, et génère une certaine inspiration artistique qui peut prendre de nombreuses formes. On peut alors observer, au cours du temps, l’apparition d’un certain profil cinéphile dans le rap. Celui-ci exprime ses goûts, ses inspirations et ses coups de cœur à la fois à travers sa personne publique et sa production artistique.

Cet article fait suite au précédent qui traitait de la place qu’occupe le rap français au cinéma. Comme la dernière fois, lorsque je parlerai de rap je sous-entendrai rap français. Pour continuer l’étude des liens entre ces deux domaines, nous allons voir ici quelle est l’importance du cinéma pour le rap et comment cette influence est exprimée.


Les références

Des références directes :

Le lien le plus évident entre le rap et le Cinéma est sans aucun doute les références. Elles se font naturellement et facilement, il y en a donc beaucoup. D’abord, il y a celles faites aux grands films du cinéma comme Retour vers le futur, Harry Potter, Fight Club, Matrix ou encore Star Wars. Mais, la plupart du temps, ces références sont utilisées pour un jeu de mot ou pour une punchline, ce qui n’est pas particulièrement intéressant à analyser ici. D’autres références sont donc plus intéressantes car elles sont plus recherchées, plus originales et donc plus rares, comme par exemple à Seven, Pulp Fiction, Enter the Void, Léon ou Usual Suspect. Toutefois, il semble que le rap français possède ses propres classiques dont voici une liste non exhaustive : Le Parrain, La Cité de Dieu, La Haine, Menace II Society, Paid in full, Les Affranchis, New Jake City, Casino, Boyz’n the hood et bien-sûr Scarface. Et parce que les références aux séries ne s’arrêtent pas à La casa de papel, le rap est aussi inspiré par des œuvres comme The Wire ou Gomorra.

La raison du poids important de ces films pour le rap est simple : ils inspirent et sont appréciés par les rappeurs. En effet, ils décrivent la réalité de beaucoup d’artistes (la criminalité, le quartier, la misère) mais peuvent également représenter un idéal fantasmé (la vie de gangster, la réussite, la richesse). Une identification se fait alors et permet à la fois de faire rêver et d’inspirer. Pour le rappeur, c’est un moyen de mettre en parallèle sa carrière d’artiste avec l’ascension sociale/économique d’un héros d’un film. L’importance de ces films pour le rap semble s’accroître car ils sont partagés par de plus en plus de rappeurs de différentes générations et leur influence traverse les époques. Les références permettent ainsi à l’artiste de partager ses goûts et ses connaissances cinématographiques avec son public ; l’auditeur en apprend plus sur le rappeur et sur l’image qu’il renvoi, il découvre des œuvres et une nouvelle identification est possible.

Des extraits de films :

Un autre type de référence existe et est lui aussi très répandu, c’est l’extrait de film. Le fait d’inclure une phrase d’un film dans un morceau a été présent dès les années 90. Plus récemment on a pu observer ce procédé chez les membres de 1995, L’Entourage, etc… ou chez certains rappeurs comme Hugo TSR ou Davodka qui l’utilisent assez fréquemment. Les extraits intégrés aux morceaux viennent principalement des films cités plus haut ; ils peuvent permettre d’appuyer les propos du son, de donner la raison de la création du morceau, ou simplement de partager cette référence. Les beatmakers participent eux aussi à ce genre de référence via leur tag, comme par exemple LVDR avec "la vie de rêve" issu de Scarface, ou encore DJ Skorp avec "Salut mon vieux tu m’reconnais" tiré de Menace II Society.

Le cinéma transforme le Rap

L’impact du cinéma :

On observe que le cinéma n’est pas présent dans le rap seulement via les références dans les textes, il semblerait en effet qu’il a un impact plus profond chez les rappeurs. Ainsi, on observe des projets directement liés à certains films comme par exemple l’EP Matrix de Josman qui contient également des références et des extraits au film ; ou encore Delorean Music d’Ateyaba qui fait référence à la célèbre voiture dans Retour vers le futur, lien logique puisque le rappeur est reconnu pour son avant-gardisme. L’influence du cinéma est d’autant plus importante que certains rappeurs doivent leur nom de scène à des personnages de films comme par exemple Seth Gueko avec Une nuit en enfer, les Casseurs Flowters avec Maman j’ai raté l’avion, OBOY avec Menace II Society ou encore Volt Face avec le film du même nom. On peut également mentionner le média Booska-P qui doit son nom à La cité de Dieu. D’autres artistes ont été fortement impactés par les films comme Sofiane qui doit le nom de son album Affranchis et de son label Affranchis Music à l’incroyable film de Martin Scorsese sorti en 1990.

Ainsi les rappeurs trouvent une certaine inspiration dans le cinéma. Cet impact se ressent également dans la production de l’artiste, ce qui révèle un goût plus général pour le septième art.

Un rap cinématographique :

Le cinéma, au sens général du terme, influence fortement les rappeurs. Ainsi, on connait plusieurs albums avec un déroulement plutôt narratif et dont la direction artistique nous fait penser à l’histoire d’un film. On peut citer en exemple le premier album des Casseurs Flowters, Orelsan et Gringe sont les Caseurs Flowters ; ou encore Escape (F+R Prelude) et Le regard qui tue de Varnish La Piscine, qu’il qualifie lui-même de films auditifs.

D’autres artistes ont réussi à instaurer une réelle ambiance cinématographique à travers leurs clips, leur image et leur musique, comme SCH ou Prince Waly qui sont parvenues, au fil des années, à renvoyer un esthétisme comparable à celui des héros de films. On peut aussi faire mention de PNL et de leurs clips « Naha », « Onizuka » et « Bené ». Cette trilogie apporte le côté cinématographique qui complète l’univers musical des deux frères.


Le cinéma, comme la musique, est l’un des arts les plus "consommés". Il inspire les gens quel que soit leur âge, leur situation, leur histoire. C’est donc logiquement que les rappeurs se font influencer et que cela se retrouve dans leur production artistique ou dans leur personne-même. L’impact de certains films est parfois si important que l’on peut parler d’une véritable transformation du rap. En mettant cet article en relation avec le précédent, on peut affirmer que la passion reliant le cinéma et le rap semble être quasiment à sens unique ; mais c’est peut-être cela qui permet au rap de se renforcer et de proposer constamment de nouvelles choses. Nekfeu participe lui aussi à cette culture cinématographique dans le rap puisque son nouvel album, Les étoiles vagabondes, est attendu le 6 juin au cinéma, ce qui annonce un événement inédit et certainement marquant.

Rédaction : Alxs

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